Drapery
Photographies couleur sur aluminium
Si on relève l’importance de la retouche informatique dans le travail de Sophie Langohr pour des recherches comme New Faces (2011-12), Glorious Bodies (2013-14) ou Touching Up (2015), la production de Drapery suit un protocole singulier : découper dans des magazines de mode des pages reprenant des images de mains soigneusement sélectionnées; chiffonner littéralement le papier pour donner l’impression que ces dernières donnent une inflexion à leur propre support; re-rephographier l’image froissée. Il faut reconnaître des préoccupations purement plastiques. Ces pièces ne manquent pas d’élégance. Leur cadrage est calculé. Et puis, le plissement du papier glacé laisse naître des reflets veloutés et mystérieux qui surgissent de la matière. Pour Yves Randaxhe, elles présentent aussi “une beauté classique et semblent rivaliser avec des morceaux choisis de la peinture ancienne”. Mais surtout, il y a ce labyrinthe de sens où le réel, sa représentation et le virtuel s’entrechoquent, s’interrogent et se répondent : la main “image” semble froisser la page qui la porte et, dans le même geste, le tissu ou la peau.
Les premières photographies de Drapery ont été présentées dans le cadre de l’exposition Icônes (Liège, BAL, du 15 mars au 25 mai 2014) organisée à l’occasion de la 9e Biennale Internationale de Photographie sur les thèmes de l’image et de la croyance.
Catalogue RAVI (2014 – 2024), Liège, 2024, p. 178.